L’histoire se déroule dans l’Amérique des années 1950, encore frappée
par la ségrégation. Dans une Amérique où le « White only » ne s’applique
pas qu’aux restaurants ou aux toilettes, mais à la musique, au cinéma, à
la culture populaire. L’Amérique de Home est au bord de l’implosion et
bouillonne, mais c’est ici la violence contre les Noirs américains,
contre les femmes qui s’exprime. Les grands changements amorcés par le
rejet du Maccarthisme, par la Fureur de vivre ou le déhanché d’Elvis
n’ont pas encore commencés. En effet, les Noirs Américains sont brimés
et subissent chaque jour le racisme et la violence institutionnalisés
par les lois Jim Crow, qui distinguent les citoyens selon leur
appartenance « raciale ». Pour eux, le moindre déplacement, même le plus
simple, d’un état à l’autre, devient une véritable mission impossible.
En réponse à cette oppression, l’entraide et le partage – facilités par
l’utilisation du Negro Motorist Green Book de Victor H. Green qui
répertorie les restaurants et hôtels accueillant les noirs dans
différents états – sont au cœur des relations de cette communauté noire
dans une Amérique à la veille de la lutte pour les droits civiques. La
guerre de Corée vient à peine de se terminer, et le jeune soldat Frank
Money rentre aux Etats-Unis, traumatisé, en proie à une rage terrible
qui s’exprime aussi bien physiquement que par des crises d’angoisse. Il
est incapable de maintenir une quelconque relation avec sa fiancée
rencontrée à son retour du front et un appel au secours de sa jeune sœur
va le lancer sur les routes américaines pour une traversée
transatlantique de Seattle à Atlanta, dans sa Géorgie natale. Il doit
absolument rejoindre Atlanta et retrouver sa sœur, très gravement
malade. Il va tout mettre en œuvre pour la ramener dans la petite ville
de Lotus, où ils ont passé leur enfance. Lieu tout autant fantasmé que
détesté, Lotus cristallise les démons de Frank, de sa famille.
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