Juin 1966 : Anne, la narratrice vient d’envoyer une lettre laudative à
Jean-Luc Godard. Elle ne connaît pas le cinéaste de la Nouvelle vague,
c’est à peine si elle l’a croisé sur le tournage de "Au hasard Balthazar"
un an auparavant. Anne a 19 ans, elle a échoué au baccalauréat et
s’apprête à passer la session de rattrapage de septembre. Un soir, Anne
reçoit un coup de téléphone de Jean-Luc Godard, qui lui annonce qu’il
désire très vite la rencontrer. C’est le point de départ de leur
histoire d’amour. Bien que de vingt ans son aîné, le cinéaste souhaite
l’épouser. De son côté, la jeune femme est profondément troublée, car
cet homme lui révèle pour la première fois les délices de l’amour
physique, mais elle ne supporte pas sa jalousie maladive, d’autant plus
que sa mère et son grand-père sont très hostiles à leur relation.
Pendant plusieurs mois, ceux-ci vont s’opposer à ce que Anne fréquente
Godard, invoquant des arguments spécieux qui révèlent la nature
conservatrice de leur opinion sur l’éducation des jeunes filles. Mais la
narratrice ne veut pas céder, en dépit de la profonde affection qu’elle
leurs porte, et se rebelle contre ce carcan misogyne. Après avoir
réussi les épreuves de rattrapage du bac, elle s’inscrit en Philosophie à
Nanterre. De nouveaux horizons s’ouvrent à elle : nouveaux camarades,
nouveaux quartiers de Paris, nouvelles idées politiques… Un hurluberlu
aux cheveux rouges, un certain Daniel Cohn-Bendit, la poursuit dans les
couloirs de la fac en criant joyeusement « Solidarité des rouquins !
Solidarité des rouquins ! ». Début 1967, Jean-Luc Godard commence à
tourner le film La Chinoise, dont il a écrit le premier rôle pour Anne.
Adieu philosophie, cette « année studieuse » aura été celle de l’école
de la vie. Roman d’apprentissage, Une année studieuse est aussi le
reflet passionnant d’une époque, la fin des années 1960, où la France
est en train de connaître de grands bouleversements politiques,
idéologiques moraux et artistiques. Toutes ces dimensions habitent le
récit : d’abord la narratrice elle-même, qui en s’opposant à sa famille
révèle un fossé générationnel ; ensuite l’histoire d’amour entre Godard
et Anne, symptomatique d’un changement de moeurs ; le cinéma de Godard,
iconoclaste et radical ; la description de la faculté de Nanterre et des
frasques de « Dany le Rouge », prémices des événements de Mai 68… Un
livre remarquable d’intelligence et de vivacité |